En Belgique l’addiction des jeunes aux écrans est devenue un “enjeu de santé publique. La situation est grave”

Interview Yves Coppieters et Armel Gysen
Armel Gysen et Yves Coppieters, candidats Engagés pour les élections du 9 juin, estiment qu’il est du devoir des responsables politiques de prendre à bras-le-corps la problématique de la surexposition aux écrans. ©EDA

“L’addiction des jeunes aux écrans est devenue un “enjeu de santé publique. La situation est grave”

Par la voix de leurs candidats Armel Gysen et Yves Coppieters, Les Engagés proposent un plan en dix mesures pour limiter l’utilisation des smartphones chez les enfants et adolescents. Parmi celles-ci : l’interdiction du smartphone à l’école jusqu’en 3e secondaire.

Antoine Clevers

Antoine Clevers Journaliste service Belgique

Publié le 13-04-2024 à 16h01

Un chiffre pour poser le débat : “45 % des enfants de 11 à 17 ans consomment plus de quatre heures d’écrans par jour”. “Cette situation entraîne des troubles alimentaires de type binge eating, avec consommation excessive de sucre ; des problèmes de santé mentale, notamment des risques accrus de dépression et une fragilité psychologique par rapport aux stimuli anxiogènes ; des problèmes d’attention ; de la fatigue oculaire ; des troubles du sommeil…”

”On observe aussi une diminution de la satisfaction de vie : chez les filles de 11 à 13 ans et les garçons de 14 à 15 ans, l’utilisation accrue des réseaux sociaux prédit un an plus tard une diminution de la qualité de vie (selon leur expression subjective). Enfin, il y a les effets néfastes des ondes électromagnétiques, avec des risques de cancers du cerveau et du sang.” Sans oublier que la consommation excessive des écrans accentue les problèmes de santé, tels que l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires, liés à la malbouffe et à la sédentarité de la société.

Un cadre pour l’usage du smartphone

”Ce constat purement médical” est dressé par Yves Coppieters, professeur de santé publique et tête de liste fédérale en Brabant wallon pour Les Engagés en vue des élections du 9 juin. Il s’est plongé dans la littérature scientifique après avoir été interpellé par sa collègue de parti, Armel Gysen, 2e sur la liste régionale en Brabant wallon, qui est confrontée chez elle, avec deux enfants de 11 et 13 ans, à la problématique de la consommation des écrans chez les jeunes, en particulier des smartphones. “C’est un enjeu de santé publique. Ce qui se passe est assez grave”, dit Yves Coppieters. Qui martèle : “La situation est grave.”

En tant que politiques, on est responsables du bien-être de nos enfants. C’est à nous de prendre le problème de face. Il y a un travail de conscientisation à mener.

Armel Gysen

”Il faut beaucoup de nuance par rapport au téléphone”, selon Armel Gysen. Les deux candidats Engagés ne veulent “pas passer pour des donneurs de leçons”, pas imposer des balises à l’usage du smartphone, “pas culpabiliser les parents” non plus. Plutôt les aider à proposer un cadre à leurs enfants. “En tant que politiques, on est responsables du bien-être de nos enfants, dit l’ancienne journaliste. C’est à nous de prendre le problème de face. Il y a un travail de conscientisation à mener.”Et tant pis si ce n’est pas populaire”, complète Yves Coppieters.

Ensemble, ils ont élaboré un plan en dix points visant à diminuer l’utilisation et l’exposition des jeunes aux écrans.

Appuyer en famille sur le mode pause

Un : systématiser l’éducation numérique, aux médias et au codage dans le parcours scolaire.

Deux : introduire la notion de “politesse numérique”, proposée par le psychopédagogue Bruno Humbeeck, ce qui permettra aussi de prévenir le cyberharcèlement, selon les centristes.

Trois : sensibiliser de manière ludique les familles à la déconnexion par “des modes pause” concernant les écrans, à l’image du “mois sans alcool” par exemple.

Quatre : développer la création d’espaces de loisirs et de rencontres pour les jeunes “parce qu’il leur faut des alternatives” aux écrans.

Cinq : interdire l’usage du smartphone à l’école avant l’entrée en 3e secondaire, soit plus ou moins 15 ans, “un âge charnière où l’enfant va prendre beaucoup d’autonomie”, selon le Pr Coppieters. Les écoles garderaient néanmoins leur autonomie sur les modalités pratiques de l’usage du smartphone, notamment sur les enjeux pédagogiques.

Le PS a aussi des propositions

Six : l’élève en situation de handicap ou atteint de troubles divers conserverait l’accès aux dispositifs médicaux reliés à son smartphone.

Sept : mettre en place un ticket modérateur (donc un remboursement élargi) pour la consultation d’un médecin pour les enfants accros aux écrans.

Huit : initier des référendums ou des consultations populaires au niveau local pour déterminer les règles d’usage du smartphone dans les espaces publics.

Neuf : concrétiser les initiatives européennes sur la mise en place d’outils de vérification de l’âge sur les plateformes numériques (telles que les réseaux sociaux ou les jeux).

Dix : étendre les normes publicitaires des médias classiques aux plateformes numériques.

Un coup de sonde dans les programmes des partis francophones laisse entrevoir que, outre Les Engagés, seul le PS propose des initiatives – de sensibilisation, notamment – pour limiter l’exposition des enfants aux écrans.

Source: https://www.lalibre.be/belgique/elections-belges/2024/04/13/laddiction-des-jeunes-aux-ecrans-est-devenue-un-enjeu-de-sante-publique-la-situation-est-grave-ZTSPJZ75DZFDPA3KDHLF6GNS7M/

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