Lourdement épinglés: la coordination aux différents niveaux, l’entraînement insuffisant, le manque de moyens.

C’est un pur hasard si le Comité P publie ce rapport après les émeutes de fin 2017 : lorsque le Comité achevait de le rédiger, celles-ci n’avaient pas encore eu lieu. Et pourtant, qui le lit le croirait inspiré par ces incidents qui ont marqué l’opinion. Selon nos confrères de La DH, c’est un rapport de 15 pages que le Comité P consacre à la "gestion d’événements". En clair, lors d’un événement prévisible – grosse manifestation annoncée – ou soudain – émeutes, crise des prisons, problématique des transmigrants, des foreign fighters, gestion de catastrophes, attentats, etc. – une zone de police – prenons celle de Bruxelles-Capitale-Ixelles – peut devoir faire appel à la réserve de la police fédérale – appelée Hycap – ou à d’autres zones de police selon le principe dit de solidarité.

La question : cela fonctionne-t-il comme il le faut ?

Réponse ? Si tout n’est pas négatif, les conclusions du Comité P rendent perplexe.

Extraits choisis. "La conclusion (une fois de plus) que l’actuel système de solidarité ne fonctionne pas dans la pratique, équivaut à enfoncer une porte ouverte. Chaque directeur coordinateur connaît une histoire dans laquelle une ou plusieurs zones de son arrondissement ont refusé de fournir des renforts. Aucune suite n’est donnée à ces refus et les mécanismes de sanction ne sont pas utilisés. Cela conforte les unités qui refusent (de donner des renforts) et suscite de l’irritation chez les ‘ bons élèves de la classe.’ "

Pour le Comité P toujours, l’"octroi de personnel de renfort ne se déroule pas sans problèmes non plus au sein de la police fédérale".

Lourdement pointés par le Comité P : la formation et l’entraînement. "Les entraînements actuels doivent être professionnalisés et leur fréquence accrue. Il faut plus d’entraînements et dans des conditions plus réalistes. Il y a un manque de formateurs et un défaut de disponibilité des moyens lors des entraînements, malgré un planning pourtant communiqué largement à l’avance."

Conclusion du Comité : "Il faut s’atteler à l’évaluation des méthodes et techniques d’intervention dans le domaine du maintien de l’ordre public."

Le Comité appuie la commissaire générale De Bolle qui, dans la gestion d’événements, y compris la gestion de catastrophes, voudrait "stimuler l’innovation […], utiliser des méthodes innovantes et […] les nouvelles technologies".

Trois autres points noirs sont épinglés : "La mise à disposition de personnel et moyens suffisants"; la "nécessité pour le commandement de la police fédérale de travailler de manière plus structurelle" ; enfin, "un besoin d’accompagnement fédéral dans la gestion des catastrophes".

Avant de le publier son rapport Gestion d’Evénements, le Comité P, dont la qualité du travail est soulignée, l’a soumis à la commissaire générale.

Accord ou pas, le document eut quand même été publié. Après examen, Catherine De Bolle a estimé n’"avoir pas actuellement à formuler de remarques".