Bruxelles pas belle, les expats confirment

Mathieu Colleyn Publié le mardi 09 juillet 2013 à 05h37 – Mis à jour le mardi 09 juillet 2013 à 07h09

Bruxelles Une étude a été menée auprès de quelque 9 OOO personnes travaillant à l’international. La plupart déclarent que Bruxelles est une capitale agréable à vivre. Mais pointent les problèmes de saleté et de mobilité soulevés récemment.

Le quotidien français “Libération” avait jeté un sacré pavé dans la mare, en mai dernier, avec un article particulièrement sévère envers la capitale. “Bruxelles pas belle” décrivait une ville sale saturée d’axes routiers disgracieux, engorgée de voitures et de chantiers incessants.

Comme autant de coups de poing aux visages des visiteurs étrangers. N’en déplaise aux autorités belges, cet amer constat n’est que petitement et très partiellement contredit par l’étude présentée hier par le Bureau de liaison Bruxelles-Europe (un organe institué par la Région de Bruxelles-Capitale) qui a sondé en 2012 quelque 9 000 ressortissants de la "communauté internationale" . Celle-ci est définie comme constituée d’habitants venus à Bruxelles pour des raisons professionnelles, de personnes "en général hautement qualifiées travaillant dans un environnement international multilingue : institutions européennes ou internationales" . Cette population est estimée à une centaine de milliers de personnes résidant pour la plupart dans la capitale, selon les responsables du Bureau de liaison.

Ainsi, ils sont 75,5 % à déclarer aimer vivre à Bruxelles, reconnaissant par exemple la qualité de l’offre culturelle de la capitale, ou celle des soins de santé. En revanche, moins de 50 % précisent être tout à fait d’accord ou d’accord avec l’affirmation suivante : "En comparaison avec d’autres grandes villes européennes, la qualité de vie est meilleure à Bruxelles." C’est que – oh surprise – la capitale belge souffre de quelques maux, et non des moindres, aux yeux de ces “expats”. Les principaux étant liés aux problèmes de mobilité et de saleté et à un sentiment d’insécurité toujours palpable (lire p. 5).

Il faut toutefois modérer ces reproches internationaux. Ceux-ci se font de moins en moins sentir au fur et à mesure que la durée de vie à Bruxelles s’allonge. "Plus les années passent, plus les opinions sur Bruxelles des "expatriés" résidant en Belgique tendent à se rapprocher, aussi bien en ce qui concerne les aspects qu’ils apprécient que sur le plan des critiques" , conclut l’étude.

Ghettoïsation versus mixité

Plus loin, le Bureau de liaison constate "une implication progressive des Européens dans la vie bruxelloise" , celle-ci se vérifiant "par le nombre croissant de Belges faisant partie de leur groupe d’amis" . Reste que parmi ceux "qui vivent depuis moins de deux ans à Bruxelles, 23 % n’ont aucun ami belge" . Pour cause, dans cette même catégorie, près de 82 % des sondés estiment que la communauté internationale vit dans “un monde à part”. Plus encore, trois quarts des non-Belges sondés (8 % du panel sont constitués de Belges travaillant dans le milieu international), pensent que les Bruxellois ne réalisent pas l’importance des institutions européennes.

Pour le coup, l’étude dit un peu ce que tout le monde savait déjà. Mais cette situation n’en demeure pas moins préoccupante pour Alain Hutchinson, président du Bureau de liaison Bruxelles-Europe. “Je suis surtout frappé par la méfiance des Bruxellois à l’égard de cette communauté internationale, parfois pointée comme responsable de tous les maux , commente-t-il. Nous adresserons cette étude au gouvernement régional pour qu’il soit attentif à la mixité des quartiers mais également aux Communautés française et flamande. Je pense dans les programmes scolaires le fait européen n’est pas suffisamment pris en compte.

Bruxelles trop sale

Bruxelles est une ville trop sale. En moyenne, 80 % des résidents étrangers interrogés par le Bureau de liaison sont tout à fait d’accord ou simplement d’accord avec cette affirmation. On remarquera dans l’infographie ci-dessus que les Belges travaillant à l’international sont un peu plus (mais pas beaucoup plus) cléments avec la propreté publique bruxelloise. La même étude stipule que seuls 33 % des sondés vivant dans la métropole depuis peu jugent favorablement leurs rapports avec les services de collecte de déchets. Ouch ! "Il est clair que les réformes prévues dans le cadre des négociations pour la mise en place du gouvernement fédéral, notamment celles par lesquelles le nettoiement des voiries régionales sera confié aux communes, auront un effet bénéfique sur la propreté et, par conséquent, sur l’image de Bruxelles", précise le Bureau de liaison. Allez… On y croit. 

Un sentiment d’insécurité

Les pourcentages favorables à Bruxelles concernant la sécurité ne sont guère plus encourageants que ceux qui concernent la propreté. Il est vrai que certains événements survenus en 2009 et 2010 dans le quartier européen ont entaché la réputation de Bruxelles à l’international en la matière. Durablement, semble-t-il. Ils furent, à l’époque, amplifiés par les médias étrangers, alors que ledit quartier est un des moins touchés de la capitale par les faits délictueux, estime le Bureau de liaison Bruxelles-Europe qui conclut que le sentiment d’insécurité est plus important chez les non-Belges. Son étude montre par ailleurs des contacts plutôt bons (60 %) entre la communauté internationale et la police bruxelloise. “Le sentiment d’insécurité semble être retombé suite aux mesures prises par les forces de police pour renforcer leur visibilité”, indique l’étude. 

Transports publics visés

Quelque 63 % des non-Belges bruxellois se déplacent quotidiennement à pied dans la ville, conclut de manière attendue l’étude du Bureau de liaison Bruxelles-Europe, qui conclut que ceux-ci sont plus volontiers adeptes de la mobilité douce. Par exemple, plus de 11 % des participants bruxellois non belges à l’étude utilisent quotidiennement le vélo comme mode de transport principal. Mais il y a un “mais” : “77,5 % des non-Belges estiment que Bruxelles doit prendre des mesures urgentes afin de réguler le trafic routier”, constate-t-on. Le graphique ci-dessous montre par ailleurs que la satisfaction vis-à-vis des transports publics bruxellois n’est pas tout à fait au rendez-vous. Ces éléments sont de nature à “encourager la tendance à investir davantage dans les transports publics et dans les mesures en faveur de la mobilité douce”, peut-on lire dans les conclusions de l’étude.

Source: La Libre.be, 9 juillet 2013, http://www.lalibre.be/regions/bruxelles/bruxelles-pas-belle-les-expats-confirment-51db857f3570600385669bc4

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