Enfin un édulcorant qui tient ses promesses ?

Enfin un édulcorant qui tient ses promesses ?

Aspartame, sucralose, xylitol, stévia, érythritol, acésulfame…

Les édulcorants dans leur ensemble ne sont pas ma tasse de thé.

Je mets d’ailleurs souvent en garde les personnes qui me consultent contre leurs effets néfastes.

Pourtant, il en est un qui pourrait peut-être me faire changer d’avis car il semble présenter tous les avantages que l’on peut espérer d’un substitut au sucre, sans les inconvénients.

Un sucre rare

Vous n’en avez sans doute jamais entendu parler, il s’agit de l’allulose.

Encore peu connu en Europe, cet édulcorant est autorisé dans seulement quelques pays comme les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon ou encore le Mexique.

Son pouvoir sucrant est 70 % plus élevé que celui du sucre de table, mais il ne fournit que de 0,2 à 0,4 calorie par gramme, autant dire pas grand-chose.

Encore un produit de synthèse tout droit sorti des laboratoires de l’industrie alimentaire ?

Non, je vous rassure tout de suite, l’allulose (aussi appelée D-psicose) est un sucre naturel extrêmement proche du fructose.

Tout comme ce dernier, il est présent à l’état naturel dans les fruits.

Il présente cependant quelques différences avec son proche cousin qui font toute sa spécificité…et son intérêt.

Premièrement, il est considéré comme un sucre rare, car on ne le trouve qu’en petite quantité et dans un nombre très restreint de fruits tels que les figues, le jacquier ou les raisins secs.

Deuxièmement, et c’est sans doute le plus important, sa structure moléculaire, bien que très proche de celle du fructose, diffère un peu.

C’est cette infime différence qui va avoir de grandes conséquences dans la façon dont l’organisme va métaboliser ce sucre si particulier.

Le sucre fantôme

En raison de cette structure particulière, la majeure partie de l’allulose que nous ingérons est éliminée dans l’urine sans être utilisée comme source d’énergie.

C’est en quelque sorte une espèce de sucre fantôme, qui passe quasiment inaperçu lorsqu’il circule dans notre organisme.

De plus, il semble entrer en concurrence avec les autres sources de glucose pour les transporteurs intestinaux, ce qui a pour effet de limiter l’absorption des différents sucres présents dans notre alimentation.

Cela a été mis en lumière par quelques études, dont la plus récente a été menée pendant la période du ramadan sur 12 volontaires souffrant de diabète de type 21.

Lors de la rupture du jeûne, il est courant que la quantité de sucre présente dans le sang pendant la digestion (ce que l’on appelle aussi la glycémie postprandiale) soit plus élevée qu’en temps normal.

Pour cette étude, deux groupes ont été formés et l’un d’entre eux devait consommer 8,5 g d’allulose juste avant le repas.

Il a été constaté que dans ce groupe, les valeurs de glucose postprandiale étaient significativement inférieures au groupe qui n’avait pas eu d’allulose avant le repas.

Une étude similaire a été conduite sur des sujets non diabétiques et les résultats ont été les mêmes :

Après avoir bu une boisson sucrée, ceux qui n’avaient pas consommé d’allulose auparavant présentaient une glycémie plus élevée que ceux qui en avaient bénéficié2 !

Enfin, et ce n’est pas négligeable, l’allulose pourrait stimuler l’utilisation des graisses comme source d’énergie pour l’organisme (il agit donc comme un brûle-graisse).

Toutes les études concordent pour dire que l’allulose contribue à :

  • stabiliser (voire réduire) la glycémie ;
  • lutter contre la résistance à l’insuline et le risque de développer un diabète de type 2 ;
  • réduire la prise de poids.

L’une de ces études3 expose clairement les avantages de l’allulose :

« L’effet anti-hyperlipidémique du D-allulose, combiné à ses actions anti-inflammatoires sur les adipocytes, est bénéfique pour la prévention de l’obésité et de l’athérosclérose et s’accompagne d’améliorations de la résistance à l’insuline et d’une altération de la tolérance au glucose. »

Plus sûr que les autres édulcorants ?

L’allulose fait partie des aliments reconnus comme sûrs par la Food and Drug Administration aux Etats-Unis (FDA, l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments) mais sa commercialisation n’est pas encore autorisée en Europe.

Pour le moment, les études n’ont pas montré d’effets indésirables lors de la prise d’allulose à moyen terme (5 à 15 grammes par jour pendant 12 semaines)4.

Mais ses effets à long terme (plusieurs années) restent encore inconnus.

La méfiance est donc toujours de mise même si les promesses sont alléchantes.

Souvenez-vous d’ailleurs que les recherches qui avaient été faites pour estimer les dangers des édulcorants dans leur globalité se sont longtemps contentées d’un laconique : « Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer que… ».

Personne ne voulait vraiment se mouiller sur la question.

Depuis peu, quelques voix s’élèvent pour dire clairement les choses.

Les édulcorants sont associés à :

  • un risque accru de maladies vasculaires (aspartame, acésulfame potassique, sucralose)5 ;
  • un risque plus élevé de développer un cancer, tous types confondus (aspartame et acésulfame potassique notamment)6 ;
  • une aggravation des maladies liées à l’adiposité (accumulation de graisse sous la peau), telles que l’hypertension, la dyslipidémie et le diabète (saccharine, aspartame, acésulfame, sucralose, stévia, xylithol, érythirol)7 ;
  • une déstabilisation du microbiote intestinal (acésulfame potassique, aspartame, sucralose, saccharine)8.

Un autre effet des édulcorants souvent passé sous silence est qu’ils jouent un mauvais tour de passe passe à votre cerveau.

Puisque normalement, le système de récompense s’active quand il reçoit du sucre, mais concrètement le cerveau ne reçoit pas sa dose de glucose avec les édulcorants.

Le résultat ?

L’envie de sucre est démultipliée, ce qui pousse au grignotage, de préférence gras et sucré, pour compenser la déception enregistrée par vos neurones.

Alors, l’allulose connaîtra-t-il le même destin que ses prédécesseurs ?

À savoir un engouement mondial puis une méfiance justifiée.

Cela reste à voir.

Connaissiez-vous cet édulcorant ?

Qu’en pensez-vous ?

Naturellement vôtre,

S. Morales pour Eric Müller

Sources:

[1] Japar S, et al. A pilot study on the effect of D-allulose on postprandial glucose levels in patients with type 2 diabetes mellitus during Ramadan fasting. Diabetol Metab Syndr. 2022.
[2] Iida T, et al. Acute D-psicose administration decreases the glycemic responses to an oral maltodextrin tolerance test in normal adults. J Nutr Sci Vitaminol (Tokyo). 2008.
[3] Hossain A, et al. Rare sugar D-allulose: Potential role and therapeutic monitoring in maintaining obesity and type 2 diabetes mellitus. Pharmacol Ther. 2015.
[4] Hayashi N, et al. Study on the postprandial blood glucose suppression effect of D-psicose in borderline diabetes and the safety of long-term ingestion by normal human subjects. Biosci Biotechnol Biochem. 2010.
[5] Charlotte Debras, et al. Artificial sweeteners and risk of cardiovascular diseases: results from the prospective NutriNet-Santé cohort, BMJ 2022.
[6] Debras C, et al. Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study. PLoS Med. 2022.
[7] Christofides EA. POINT: Artificial Sweeteners and Obesity-Not the Solution and Potentially a Problem. Endocr Pract. 2021.
[8] https://cdhf.ca/fr/microbiote-et-edulcorants/

 

Source:  https://neo-nutrition.net/enfin-un-edulcorant-qui-tient-ses-promesses/

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