"Qui met en danger la cohésion (de l'Otan, ndlr)? Celui qui dit que chacun doit dépenser 2% pour la défense, pour qu'il y ait une solidarité (entre les pays)? Ou bien celui qui resquille en ne dépensant qu'1% mais qui vit sous le bouclier protecteur (commun)? ", a demandé M. Morawiecki dans une interview publiée jeudi par le quotidien allemand 'Die Welt'.

Berlin investit actuellement tout juste un peu plus de 1% de son PIB dans la défense, tandis que Varsovie a déjà atteint le seuil de 2%. La Belgique, en queue de peloton, est autour des 0,9% "Celui qui resquille met en danger l'unité de l'Occident", a ajouté M. Morawiecki, à la veille d'une rencontre prévue vendredi à Berlin avec la chancelière Angela Merkel.

De manière générale, il a reproché à l'Europe de prendre à "la légère" les questions de défense, en écho aux critiques du président américain. "L'Europe a jusqu'ici pris à la légère la défense et vit sous le bouclier de la 'pax americana'", estime M. Morawiecki.

Le dirigeant polonais a également réitéré son opposition au projet de gazoduc Nordstream 2, fortement soutenu par Berlin, devant relier la Russie et l'Allemagne via la mer Baltique. "Aujourd'hui, l'Ukraine est relativement sûre parce qu'elle contrôle un couloir d'approvisionnement de gaz naturel russe vers l'Europe centrale", a-t-il déclaré.

Si Nordstream 2 venait à être construit, et le passage de gaz via l'Ukraine coupé, alors la Russie pourrait provoquer "une escalade du conflit avec l'Ukraine comme elle le souhaite, attaquer l'ensemble de l'Ukraine", a-t-il jugé.

Le projet Nordstream 2 est développé par le géant russe Gazprom et cinq groupes européens: le français Engie, les allemands Uniper (ex-EON) et Wintershall (BASF), l'autrichien OMV et l'anglo-néerlandais Shell.

Ces cinq groupes se sont engagés à financer chacun 10% du coût du projet, évalué à 9,5 milliards d'euros.