La fraude à l’Office wallon des déchets, comme un rappel à l’ordre

Eric Deffet, Mis en ligne 1 mars 2016

La Cour des comptes n’est pas tendre avec la Wallonie, championne pour faire la sourde oreille. L’édito d’Eric Deffet

Philippe Roland, président de la Cour des comptes, rappelle la Wallonie à l’ordre dans cette affaire. © Belga

Avec le détournement de deux millions d’euros par le comptable en charge des flux financiers pour l’Office wallon des déchets, la Wallonie plonge à nouveau en plein cauchemar. Les leçons d’un passé douloureux n’auraient-elles pas eu d’effet sur l’administration et les responsables politiques qui les organisent ?

Il faut raison garder. L’affaire en cours est d’abord le résultat de l’expertise machiavélique d’un fonctionnaire en place depuis 1992. Il avait élaboré des stratégies de fraude à la fois d’une simplicité enfantine (un compte à son nom, à une faute d’orthographe près) et d’une « qualité » qui a réussi à tromper les spécialistes de la Cour des comptes. Celle-ci s’agaçait bien du manque de réaction de l’Office wallon lorsqu’elle réclamait des documents importants. Mais les auditeurs n’ont jamais eu de doute sérieux sur l’honnêteté d’un de leurs interlocuteurs.

Dans la foulée de cette fraude, il serait donc hors de propos de généraliser à toute l’administration wallonne le constat porté sur des dysfonctionnements graves au sein d’un organisme satellite qui a souffert de l’absence de contrôle interne et de procédures financières défaillantes.

Mais dans son cahier d’observations annuel, publié la semaine dernière, et ce lundi encore au pupitre du parlement, la Cour des comptes a alerté l’ensemble du paysage politique régional : la fraude à l’Office des déchets est aussi le résultat d’une conception défaillante de la gestion qui hante une part importante du service public régional. Ce qui a été possible ici pourrait l’être ailleurs, notamment lorsque les fonctions de comptable et de trésorier sont assumées par une seule personne. C’est le cas dans une cinquantaine de services décentralisés.

La Cour des comptes n’est pas tendre avec la Wallonie. Les manquements qu’elle constate aujourd’hui dans le contrôle interne, elle en fait état depuis de nombreuses années, de rapport en rapport, d’audit en audit. Mais il faut bien dire que ses observations, d’une manière quasi générale, ne font jamais l’objet d’un suivi. La Wallonie est championne pour faire la sourde oreille. Les auditeurs présents ce lundi à Namur l’ont dit avec une vigueur inédite : cette absence de réaction doit cesser !

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Un rapport à l’ordre assassin à l’égard des gouvernements successifs depuis le début des années 2000. Depuis cette époque, la Wallonie a fait des progrès importants en matière de gouvernance, c’est indéniable. Mais la fraude à l’Office des déchets démontre que de vieux démons ont la vie dure au sud du pays. Se voiler la face n’est plus possible : c’est une question de crédibilité.

 

Source :  http://www.lesoir.be/1136777/article/debats/editos/2016-03-01/fraude-l-office-wallon-des-dechets-comme-un-rappel-l-ordre

 

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