“L’absentéisme, le mal de la politique ?Jean Hindriks à propos du taux d absentéisme en politique

Il y a 5 heures

Temps de lecture3 min Par Maud Wilquin

Dans leur dernier rapport intitulé, “Fédéralisme belge en chiffres : la densité politique”, le professeur d’économie publique, Jean Hindriks (UCLouvain), et l’assistant de recherche, Alexandre Lamfalussy (UCLouvain), font notamment état du taux d’absentéisme élevé des politiciens belges.

“Sur base des données sollicitées auprès de la Chambre, nous savons qu’entre avril 2022 et avril 2024, il y a eu 258 réunions en commissions mobilisant un total de 5280 votes potentiels (en fonction du nombre de députés convoqués par commission)”, peut-on lire. “Cependant, on dénombre 3692 votes contre 1588 absences.”

Au total, “seules 70 personnes ont voté, ce qui veut dire que le taux d’absentéisme moyen s’élève à 30% en commissions parlementaires”, précisait le professeur d’économie publique Jean Hindriks sur le plateau de “QR le débat” ce mercredi.

Dans le tableau ci-dessus, on peut lire que les taux de présence oscillent globalement autour des 80%, soit un taux d’absentéisme d’environ 20%. Un taux élevé et interpellant selon le professeur. “En Belgique, nous avons un système de jetons de présence qui sont valables pour autant que l’on ne s’absente pas plus de 20 à 25% du temps”, explique-t-il. “Il y a donc un parallèle assez cocasse entre le taux d’absentéisme observé et le seuil de présence requis pour bénéficier des jetons de présence.”
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Selon l’étude, ce taux d’absence s’explique par le fait que les différentes commissions se sont réunies à des fréquences très variables.
Un taux d’activité peu élevé en séance plénière à la Chambre

Au cours de leurs recherches, les auteurs ont également constaté qu’il n’était pas rare de voir une réunion programmée être finalement annulée. “Par exemple, la commission des Finances et Budget a un taux d’annulation de 56%, tandis que celles des Relations extérieures et de l’Énergie, Environnement et Climat ont des taux d’annulation respectifs de 40% et 15%.” Cette différence peut notamment s’expliquer par la fréquence à laquelle les réunions sont organisées.

Et lorsque les rendez-vous sont maintenus, il arrive que les députés ne posent aucune question. “En séances plénières de la Chambre, sur la législature actuelle il y a eu 3993 questions orales pour 300 séances plénières, soit 13,31 questions orales par séance en moyenne, lit-on dans l’étude. Et on a à peu près 50% des séances durant lesquelles aucune question parlementaire orale n’a été posée. Je trouve ça assez phénoménal. Je pensais que c’était une assemblée où on échangeait, on discutait de grands problèmes de société”, réagit Jean Hindriks. “Ça demande à être expliqué.”
Les parlementaires globalement moins actifs dans les parlements régionaux

L’étude reprend également le nombre de rapports écrits et de questions orales, écrites, d’actualité et d’interpellations que les parlementaires ont posées dans leur parlement respectif entre juin 2019 et avril 2024. Au Parlement fédéral, on observe une moyenne de 448 rapports et questions, 528 au Parlement wallon, 196 au Parlement bruxellois et 183 au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

“La faiblesse de l’activité des députés bruxellois s’explique, selon le Vif, par le nombre de députés. Ils sont nombreux et il faut distribuer le temps de parole. Mais chacun veut mettre son sujet à l’agenda. Résultat : une inflation de thèmes et de questions secondaires”, expliquent les auteurs.

“Cette faible activité est aussi liée aux compétences moins étendues de la Région bruxelloise comparée à la Région wallonne qui a un territoire plus vaste, une population plus grande et une tutelle plus forte sur les communes.”

Enfin, “la faiblesse de l’activité des députés de la FWB s’explique par les compétences limitées de la FWB et la double casquette des députés qui siègent dans d’autres assemblées (Parlement wallon ou bruxellois). Ces députés à double casquette sont sous la moyenne d’activité des autres députés.” Ainsi selon le Vif, ce parlement manifeste “une faible vigueur parlementaire avec deux tiers des textes issus d’initiative gouvernementale”.

Source: https://www.rtbf.be/article/l-absenteisme-le-mal-de-la-politique-11392978#