© Getty
il y a 1 heure 20241216 – 4 min
Info Cynthia Deschamps
De nombreux jeunes adultes de l’Union européenne (UE) partagent un même sentiment de solitude. Plus de la moitié (environ 57%) des jeunes Européens âgés de 18 à 35 ans se sent modérément ou profondément seuls, comme le montre la nouvelle étude de la Bertelsmann Stiftung intitulée “Solitude des jeunes en 2024 : une comparaison à l’échelle européenne“. Les données de l’enquête menée dans l’ensemble de l’UE proviennent de l’outil européen de sondage d’opinion eupinions. 23.536 adultes de tous les pays de l’UE ont été interrogés entre le 15 juin 2024 et le 1er juillet 2024.
L’étude distingue trois groupes :
• Les personnes qui ne se sentent “pas seules” sont celles qui ne se sentent jamais ou rarement seules.
• Les personnes “modérément seules” sont celles qui se sentent parfois seules.
• Les personnes “profondément seules” sont celles qui se sentent seules la plupart du temps ou tout le temps.
Si la solitude choisie présente de nombreux bénéfices, l’absence prolongée d’interactions peut par contre avoir des effets directs sur la santé. La personne isolée sur le long terme finira par tourner en boucle et ressasser ses souvenirs. Le risque de développer une démence augmente alors.
En Belgique
Bien que la solitude chez les jeunes soit un sujet de préoccupation partout dans l’UE depuis la pandémie de coronavirus, il existe des différences sensibles entre les États membres. En Belgique, les jeunes souffrent particulièrement de la solitude : 61% des jeunes Belges se sentent modérément seuls. Parmi eux, 15,5% se sentent profondément seuls.
La solitude touche ainsi près de deux tiers des jeunes en Belgique. Notre pays arrive donc deuxième parmi les sept pays de l’UE — Belgique, Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et Pologne — dont la taille de l’échantillon permet d’établir des comparaisons. Seuls les jeunes Français sont plus solitaires.
En Allemagne, les jeunes adultes se sentent moins touchés par la solitude : 39% d’entre eux déclarent se sentir modérément seuls, 12% se sentent profondément seuls. Alors que la solitude modérée des jeunes Allemands est la plus basse, les jeunes Néerlandais sont les moins touchés par une solitude profonde.
“La solitude peut réduire le sentiment d’appartenance à la société et devenir ainsi également un problème social et politique. C’est précisément pour cette raison que nous devrions aborder la solitude ensemble en tant que société et ne pas stigmatiser les personnes concernées“, déclare Leander Berner, expert en jeunesse à la Bertelsmann Stiftung.
En Wallonie
Selon le Baromètre social de la Wallonie (BSW), une enquête réalisée par l’IWEPS auprès d’un échantillon de 1867 personnes vivant en Wallonie et représentatif de la population de 18 ans et plus, quasiment une personne sur dix dit n’avoir aucun ami proche en 2023. Et 6,5% des interrogés disent ne jamais recevoir ou rendre de visites à des copains.
Les 18-24 ans ont, de leur côté, tendance à avoir plus d’amis et amies proches que la population générale. Près de quatre sur dix d’entre eux disent en effet avoir cinq amis ou plus. Ils leur rendent aussi plus souvent visite, avec près de la moitié (46,8%) disant les voir “plus d’une fois par semaine” (contre 19,2% pour la population générale).
Un faible niveau d’éducation renforce la solitude
Le genre ainsi que le lieu de vie (la ville ou la campagne) n’ont pas d’impact significatif sur le sentiment de solitude des citoyens interrogés. Par contre, si l’on compare les pays, tant l’étude de la fondation indépendante allemande que celle de l’institut public wallon constatent que la solitude est particulièrement marquée chez les personnes ayant un faible niveau d’éducation.
Selon l’étude de Bertelsmann Stiftung, le débat scientifique attribue plusieurs raisons à cela : d’une part, on suppose que les personnes ayant un niveau d’éducation plus élevé trouvent généralement plus de possibilités de gérer le stress et sont en mesure de maintenir et entretenir plus facilement les relations sociales. D’autre part, les personnes plus instruites ont souvent de meilleurs revenus et peuvent ainsi participer davantage à la vie sociale.
“Pour réduire efficacement la solitude chez les jeunes, il est essentiel d’inclure systématiquement et impérativement leurs perspectives dans les processus de consultation politique. En impliquant activement les jeunes dans la création et la mise en œuvre d’initiatives, nous mettons en place des solutions qui répondent réellement à leurs besoins et les aident à se sentir moins isolés“, recommande Anja Langness, experte en jeunesse à la Bertelsmann Stiftung.
Actions pour remédier à la solitude
C’est surtout la solitude profonde et chronique que les personnes concernées perçoivent comme un problème majeur. L’étude présente différentes recommandations d’action pour y remédier. Ainsi, une bonne base de données sur les personnes souffrant de solitude, des services de conseil et des formes de rencontre, en particulier pour les jeunes, un échange d’expériences au-delà des frontières nationales et le soutien des compétences sociales et émotionnelles peuvent contribuer à réduire efficacement la solitude.
Les interventions qui se concentrent sur le changement des pensées, perceptions et émotions négatives grâce à des techniques cognitivo-comportementales se sont avérées particulièrement efficaces, avance aussi l’étude. Ces traitements visent à renforcer le sentiment d’appartenance, à identifier les pensées et perceptions néfastes, à corriger les peurs et les jugements erronés et à améliorer les stratégies d’adaptation et la gestion du stress. Bertelsmann Stiftung note toutefois que ces résultats sont principalement basés sur des échantillons d’adultes ou, dans le cas des jeunes adultes, sur des études axées sur des groupes à risques spécifiques.
Source: https://www.rtbf.be/article/les-jeunes-adultes-belges-deuxiemes-plus-solitaires-de-l-union-europeenne-11478276