
“Les profs du secondaire supérieur vont devoir travailler plus
Hausse de la charge horaire dans le secondaire supérieur, révision du régime de maladie, baisse des moyens pour la gratuité, retour de détachés pédagogiques dans leurs écoles… les économies dans l’enseignement vont faire mal.
Par Eric Burgraff ET Charlotte Hutin Publié le 10/10/2025 à 12:25 Temps de lecture: 4 min
Le rapport des experts indépendants mandatés par la Fédération Wallonie-Bruxelles promettait du sang et des larmes s’il était appliqué à la lettre… Il ne sera pas appliqué à la lettre… Mais du sang et des larmes il y en aura, surtout dans l’enseignement.
Pourquoi dans l’enseignement ? Parce que le secteur (éducation, recherche, formation) pèse, à la grosse louche, les trois quarts des dépenses du gouvernement francophone (11 milliards pour un total de dépenses de 15 milliards). Et dans cette enveloppe, huit concernent l’enseignement obligatoire (maternelle, primaire, secondaire dont 80 % de salaires), aussi l’enseignement obligatoire devra supporter 86,7 millions d’euros d’économie.
En proie à un déficit exponentiel, le gouvernement MR-Les Engagés à la tête de la Fédération Wallonie-Bruxelles met donc sur la table une demi-douzaine de mesures percutantes et quelques nouveautés positives. Le point.
Deux heures de plus pour les profs du secondaire supérieur
Actuellement, la charge horaire des enseignants varie selon le niveau d’enseignement : 26 périodes de 50 minutes par semaine en maternelle, 24 en primaire, 22 dans le secondaire inférieur et 20 dans le secondaire supérieur. Juste ? Le gouvernement veut manifestement « rétablir une certaine équité entre enseignants » en demandant aux professeurs du secondaire supérieur de prester deux heures de plus par semaine, de s’aligner donc sur leurs collègues du secondaire inférieur. Les premiers étant détenteurs d’un master universitaire, ils sont aussi rémunérés 25 % de plus que les seconds. On ne touche évidemment pas à cette différence de salaire. Détail : les enseignants de plus de 60 ans et ceux du spécialisé sont immunisés de cette mesure.
L’arrivée du CDIE
Les enseignants diplômés selon la réforme de la formation initiale basée sur un master en quatre ans (les premiers sortiront en 2027) bénéficieront d’une revalorisation salariale de 5 % (le barème 401), avec un contrat à durée indéterminée complet en début de carrière (ce qui acte, pour eux, la fin du système de nomination). Il est aussi prévu de revaloriser les directions d’école (pour augmenter la tension salariale entre une direction et un enseignant) ainsi que les maîtres de stage.
Par contre, l’accès au barème 501 ne sera plus possible pour les enseignants titulaires d’un bac (instituteurs et régents) qui vont chercher un master en sciences de l’éducation, ils devront se «contenter» du 401.
Régime maladie moins avantageux
Actuellement un enseignant peut se créer un pot de congé de maladie durant lequel son salaire lui est versé intégralement (15 jours par année d’ancienneté). Lorsque ce pot est épuisé, le salaire est réduit à 80 % durant la première année, 70 % durant la deuxième et 60 % ensuite. A partir de l’année prochaine, dès que le pot sera épuisé, le salaire passera directement à 60 %. « Exactement comme cela se fait ailleurs dans la fonction publique », assure le gouvernement, par contre les victimes de maladies graves seront exemptées de cette mesure. Dans le même esprit, le nombre de jours d’absence sans certificat médical sera limité à trois par an, comme dans les autres secteurs.
Révision du mécanisme de gratuité
Sans attendre l’évaluation prévue (l’appel à projet n’avait pas été attribué), la majorité MR-Les Engagés va réviser le mécanisme de gratuité scolaire, en place de la maternelle à la 3e primaire. S’il ne touche pas à la gratuité des fournitures dans l’enseignement maternel, le gouvernement entend mettre fin au dispositif actuel de la 1er à la 3e primaire. Un dispositif qui coûte chaque année 45 millions d’euros à la FWB et qui n’avait pas été prolongé à la 4e primaire lors de cette rentrée. « Le mécanisme actuel va être supprimé, » concède Valérie Glatigny. « En contrepartie, nous allons réinjecter 25 millions d’euros dans les moyens de fonctionnement des écoles fondamentales. » En revanche, ces mêmes moyens ne seront pas indexés pour l’année 2026. Avec ce montant, les écoles devront garantir la gratuité… jusqu’en 6e primaire. « Nous voulons donner plus de latitude aux écoles pour réaliser la mission qui reste toujours bien d’assurer la gratuité des fournitures et, dans certains cas, des repas », poursuit Valérie Glatigny. « Est-ce que des familles qui vivent dans une villa quatre façades ont besoin de la gratuité ? » La ministre-présidente, Elisabeth Degryse, soutient que « les écoles sont les mieux placées pour savoir aussi qui a besoin de ces fournitures ». « Ces moyens devront servir à la gratuité et pas à autre chose. » A noter que la gratuité des repas sera conservée pour les écoles à encadrement différencié (les 25 % d’écoles qui présentent l’indice socio-économique le plus faible). Bref, c’est bien une obligation d’une mise à disposition gratuité de fournitures scolaires pour les élèves qui en ont le plus besoin jusqu’en 6e primaire. avec possibilité de financement des repas scolaires pour les écoles les plus défavorisées via l’enveloppe de fonctionnement liée à l’encadrement différencié.
Retour en classe pour 270 détachés
Des centaines d’enseignants nommés travaillent aujourd’hui sous un régime de « détachement pédagogique » au service d’organismes touchant de près ou de loin à l’enseignement, au sport et à la jeunesse. Ils sont déliés de leur tâche devant la classe pour venir prêter main-forte à des services du gouvernement, des cabinets ministériels, des organisations de jeunesse, des parastataux, des fédérations de pouvoirs organisateurs. Le gouvernement a décidé de rappeler en classe 270 d’entre eux. Les détachements ne seront plus réservés qu’aux missions qui nécessitent une expertise pédagogique, dans les services de formation, de production de programmes ou d’accompagnement des écoles. Et encore, le gouvernement va réduire les moyens des cellules de soutien d’accompagnement chargées d’implémenter les mesures du Pacte: sur les 570 postes actuels 150 pourraient passer à la trappe.
Source: https://www.lesoir.be/704053/article/2025-10-10/les-profs-du-secondaire-superieur-vont-devoir-travailler-plus
