Qatargate : Marie Arena auditionnée en tant que suspecte

Rattrapée par la proximité qu’elle entretenait avec Antonio Panzeri, le cerveau présumé du Qatargate, et citée à de très nombreuses reprises dans le dossier, l’eurodéputée n’avait, en quatorze mois d’instruction, pas encore été entendue par la justice. C’est le cas depuis ce vendredi matin.Marie Arena est entendue dans les locaux de la police judiciaire fédérale ce vendredi.Marie Arena est entendue dans les locaux de la police judiciaire fédérale ce vendredi. –

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Info « Le Soir » -Par Louis Colart, Joël MatrichePublié le 9/02/2024 à 14:00 Temps de lecture: 1 min

Citée à de nombreuses reprises dans le dossier Qatargate. Suspectée depuis plus d’un an d’avoir, fût-ce indirectement, participé à l’entreprise d’ingérence qui visait le Parlement européen. Perquisitionnée le 19 juillet 2023. L’eurodéputée PS Marie Arena est entendue ce vendredi matin par les enquêteurs de l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC), ont appris Le Soir et la RTBF. Une audition en tant que suspecte, mais sans privation de liberté. La délivrance d’un mandat d’arrêt est en effet exclue, puisque l’immunité parlementaire de Marie Arena n’a pas été levée.

Cet interrogatoire n’est pas une réelle surprise, même s’il intervient tardivement : « J’avais signalé à la juge d’instruction que je me tenais à sa disposition », avait, le jour de la perquisition à son domicile, commenté la socialiste via son avocate. « Je suis convaincue que l’enquête confirmera que je ne suis impliquée en aucune manière dans ce dossier. Je serai probablement entendue dans les semaines à venir, après les vacances. »

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Aucune demande de levée d’immunité n’a été sollicitée par le parquet fédéral auprès du Parlement européen. Malgré, selon les informations du Soir, l’intérêt des deux juges d’instruction qui se sont succédé à la tête de cette enquête. Le parquet avait indiqué à l’automne disposer de suffisamment de leviers juridiques pour progresser dans cette investigation. La non-levée de cette immunité n’empêche toutefois pas une possible inculpation. Inculpation ou non ? Cette décision reviendra à la juge Aurélie Dejaiffe.
Pas d’accusation mais des faits troublants

Bien qu’aucun des protagonistes du dossier – à commencer par Antonio Panzeri, le « repenti », et Francesco Giorgi – n’ait accusé Marie Arena d’avoir perçu de l’argent d’un Etat étranger et bien que rien de suspect n’ait été décelé lors de la fouille de son appartement au mois de juillet, le nom de l’ex-présidente de la sous-commission Droits de l’homme du Parlement européen ponctue le dossier depuis le début de l’instruction. Et même avant la saisine du juge puisqu’au mois de juillet 2022, lorsque la Sûreté de l’Etat a, pour la première fois, partagé par écrit avec le parquet fédéral ses soupçons sur de possibles actes d’ingérence et de corruption, le nom de Mme Arena apparaissait, aux côtés de ceux d’autres mandataires, assistants et conseillers, dans cette note confidentielle : « Arena Maria occupe une place particulièrement importante pour l’accomplissement des objectifs des Qataris », écrivaient ainsi les services de renseignement. « Elle bénéficie des conseils et de l’influence de Panzeri tandis que ce dernier utilise la position d’Arena comme présidente de la sous-commission des droits de l’homme (Droi) au sein du Parlement européen pour exercer une influence. » Des renseignements ne constituent toutefois pas des preuves en justice.

Tout aussi interpellants sont les 389 appels téléphoniques échangés entre mi-décembre 2021 et mi-septembre 2022 entre Antonio Panzeri et Marie Arena : autant de manifestations d’une « amitié professionnelle », comme l’eurodéputée a, elle-même, qualifié cette relation ? D’une « relation amoureuse », pour reprendre la description de cette entente qu’a faite Francesco Giorgi lors d’un de ses entretiens avec les enquêteurs ? Ou, comme le soupçonnent les autorités, d’une complicité rémunérée, au profit du Qatar et au détriment des institutions européennes ? Sur sa promiscuité avec le cerveau présumé du Qatargate, Marie Arena devrait être longuement interrogée. Interrogée par Le Soir en septembre dernier, la mandataire avait nié avoir eu une relation amoureuse avec Antonio Panzeri. Bien que certains inculpés ou témoins affirment le contraire dans leurs auditions respectives.
Rolex

Enfin, dans une conversation entre Antonio Panzeri et son ex-assistant Francesco Giorgi qu’a interceptée la Sûreté en mai 2022, le premier, qui revient de Doha, explique à son ami avoir reçu là-bas une montre de marque Rolex qu’il aurait laissée « à une participante de ce voyage ». « Dans la discussion où il est question de ce voyage, cette participante/femme n’est pas nommément désignée par le Sieur Panzeri », est-il noté dans un procès-verbal qui est versé au dossier. « Toutefois, au vu du contexte de cette discussion et de son déroulé, il pourrait s’agir de Maria Arena. »

Antonio Panzeri a toujours démenti que Marie Arena ait jamais fait partie de son équipe de « soldats », rémunérés pour ses offices et ceux de Francesco Giorgi. Et la parlementaire a toujours formellement nié avoir commis quoi que ce soit d’illégal. Elle a, jusqu’à ce jour et contrairement à son collègue Marc Tarabella, conservé la confiance du parti socialiste.

Source: https://www.lesoir.be/567328/article/2024-02-09/qatargate-marie-arena-auditionnee-en-tant-que-suspecte

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